
Directeur Artistique chez Infra Creative Workshop, Philippe nous présente son métier consistant à donner la ligne, le style et la juste signification à la communication de nos clients.
Bonjour Philippe, peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton métier ? Quel est le rôle du Directeur Artistique chez Infra Creative Workshop ?
P.N. : Mon travail au sein de l’agence consiste à faire passer des messages par l’image en proposant un style et une personnalité propres à chaque client. Je suis chargé de la recherche et de la mise en œuvre d’un concept créatif, d’en trouver la plus juste expression graphique et d’en assurer la cohésion sur les divers médias print ou web.
Cela passe par la création d’identité de marques, l’élaboration de chartes graphiques, la conception de campagnes print ou d’interfaces de sites web, les choix typographiques et visuels, et des milliers de petits détails qui feront la différence et la cohérence d’un concept !
Peux-tu nous présenter brièvement ton parcours et nous dire comment tu en es venu à exercer ce métier de D.A. ?
P.N. : J’ai toujours été attiré par l’image, depuis mon plus jeune âge, où je passais le plus clair de mon temps à gribouiller sur tout ce qui me tombait sous la main, à observer le monde qui m’entourait et à le retranscrire en images pour mieux le comprendre. C’est donc naturellement que je me suis orienté vers des études artistiques dans une école des Beaux-Arts avec une spécialisation dans les arts appliqués. Cette formation m’a permis de travailler sur ce à quoi j’aspirais : créer du sens formel à partir d’un contenu unique.
En amont de ton travail se trouve l’annonceur (une marque, une société). Concrètement, comment réponds-tu à sa demande ? Quelles sont les étapes de la réalisation d’un projet ?
P.N. : Tout d’abord, et c’est primordial, prendre le temps d’échanger avec le client afin de recueillir un maximum d’informations sur sa marque et ses particularités. Connaître son histoire, son origine, ses valeurs, son panel d’activités. Cette étape est indissociable de la direction artistique d’un projet. Toutes ces informations, associées à une étude de la concurrence et de l’existant, nourrissent mon travail et me permettent de comprendre le plus précisément les attentes du client.
Je propose ensuite plusieurs pistes graphiques avec l’idée que chaque création doit être sur-mesure et aussi riche que l’univers de la marque concernée.
Après discussions, réflexions et échanges avec le client, le choix se porte ensuite sur une piste de maquette graphique qui sera déclinée pour arriver à une identité juste, pertinente, cohérente et en totale adéquation avec l’ADN de sa marque.
De manière générale, quelles sont tes sources d’inspiration ?
P.N. : Pour garder des étoiles plein les yeux et rester créatif, il faut sans cesse emmagasiner de la créativité. Je puise et nourris mon inspiration dans ce qui m’entoure, en utilisant au mieux mes cinq sens, j’observe, je décortique les objets, les couleurs, les détails de mon quotidien. Je reste aussi toujours attentif au travail des autres agences, de certains artistes, de mes amis, collègues et des groupes spécialisés de réseaux sociaux, blogs créatifs comme Art-Spire, From Up North, Abduzeedo,
Ads of the world ou autres communautés de designers et d’artistes comme Behance.
Toi qui as déjà une longue expérience du métier, comment ta manière de travailler a-t-elle évolué avec l’arrivée du numérique ?
P.N. : À mes débuts en agence, les méthodes de travail étaient vraiment encore très manuelles et « traditionnelles » : crayons papier, photo argentique, planches de lettrage photocomposition des textes, montage à la colle sur support millimétré…. Ces nombreuses étapes, parfois longues et fastidieuses, faisaient appel à une tonne d’intermédiaires. L’apparition de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) est ensuite arrivée et a balayé tout cela en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Ce fut réellement une révolution industrielle majeure qui a fait chavirer le monde de la communication libérant énormément de temps pour plus de créativité !
Cette révolution numérique n’a cessé d’évoluer, continuant de transformer en profondeur le secteur de la communication. Entre papier et numérique, les agences doivent faire face à de nombreux enjeux : optimisation des cycles de production, diversité des formats d’entrée et de sortie, enrichissement et développement de l’interactivité. Tout au long de la chaîne créative, de nouvelles compétences et de nouveaux métiers font leur apparition.
Quelles sont pour toi les grandes tendances actuelles du webdesign ?
P.N. : Les nouvelles technologies et la multiplicité des supports font émerger régulièrement de nouvelles tendances.
Dans le webdesign, par exemple, on se dirige actuellement vers une simplification extrême. Le flat design et le style minimaliste correspondent aux besoins de rapidité, de simplification, de lisibilité liées aux exigences du web d’aujourd’hui, et particulièrement du mobile. Plus que jamais, l’heure est aux sites épurés, avec une charte graphique qui laisse pleinement la place aux textes et éléments visuels.
Le story-telling prend aussi une importance considérable, les interfaces devant aujourd’hui séduire l’internaute en lui racontant une histoire.
La multiplication des appareils, des formats et des résolutions impose de s’adapter à l’utilisateur. Le responsive design et l’ergonomie sont toujours plus centraux dans la conception d’un site, surtout depuis le déploiement de la mise à jour des algorithmes «Mobile-friendly » de Google. Les notions d’interface utilisateur et d’expérience utilisateur sont au aujourd’hui au centre de l’approche design.
Un exemple de projet sur lequel tu travailles en ce moment ?
P.N. : Récemment, j’ai travaillé sur un gros projet de
refonte de l’identité graphique de «ART», une marque de pièces et accessoires pour motos et quads, appartenant à notre client
Bihr. L’objectif étant de créer une évolution de la charte graphique pour repositionner la marque, sans pour autant désorienter le consommateur. Une remise au goût du jour avec une image colorée, fun, correspondant aux codes actuels des marchés all-road et quad.
Comment imagines-tu l’avenir du métier dans 5 ou 10 ans ? Quels conseils donnerais-tu aux plus jeunes qui souhaiteraient devenir D.A. ?
P.N. : L’avenir nous réservera sans aucun doute son lot de bonnes et moins bonnes surprises, le métier ne cessera d’évoluer avec le monde globalisé dans lequel nous vivons, il faudra se battre pour continuer à être un véritable « Plus » créatif pour nos clients face à l’émergence de solutions « pré-mâchées ». Et en dehors des évolutions technologiques sur lesquelles il est indispensable de rester en résonance, la direction artistique devra continuer à être toujours plus créative et se concentrer sur l’originalité et l’adéquation parfaite avec la culture d’entreprise de ses clients afin de toujours proposer une identité, des concepts et du contenu sur-mesure.
Aux plus jeunes désireux de se lancer dans ce métier, je dirais : soyez curieux, sortez des sentiers battus, soignez votre image et peaufinez votre identité digitale !