Daniel, photographe spécialiste du traitement et de la post-production des images chez Infra Creative Workshop, revient sur les évolutions de son métier et les enjeux stratégiques autour de l’identité visuelle des marques.
Bonjour Daniel, peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire quel est ton rôle au sein de l’agence ?
D.F. : Je suis photographe et responsable de la post-production des images chez Infra Creative Workshop. Je m’occupe de la création de contenus visuels utilisés pour la communication de nos clients. De la conception de l’image au traitement final des visuels, je travaille en collaboration étroite avec la Direction artistique et le Directeur de création et, bien sûr avec les Pôles Édition & Print et Web de l’agence.
Depuis quand pratiques-tu la photo et comment as-tu attrapé le virus ?
D.F. : On peut dire que ça ne date pas d’hier ! Le déclic s’est vraiment produit pour moi en 1984, lors d’un voyage sur l’île de Lefkada en Grèce avec un Instamatic Kodak, mon premier boîtier… j’avais 14 ans ! Depuis, la passion de l’image ne m’a jamais plus quitté.
Quelles ont été les étapes importantes dans ton apprentissage du métier ?
D.F. : Avant d’être photographe, j’ai commencé à travailler chez Infra en 1994 en tant que laborantin : je m’occupais alors du développement des différents types de films photo : E6 (positif couleur), C41 (négatif couleur), Noir & Blanc… C’était encore l’époque de l’argentique et le travail de traitement de l’image était beaucoup plus long et fastidieux qu’aujourd’hui. Sans être nostalgique, je dois dire qu’il y avait vraiment un certain charme à tout ce processus un peu artisanal de l’argentique… En 1996, l’arrivée du numérique a révolutionné la manière de travailler (premier scanner pour films Ekta, négatif couleur et N&B). Puis, en 1998, ce fut l’arrivée du premier dos numérique pour les chambres photographiques. Enfin, en 2000, les premiers boîtiers numériques reflex nous ont permis de sortir du studio. Infra creative workshop a d’ailleurs été l’un des premiers studios en France à passer au tout-numérique !
Peux-tu nous présenter un peu plus en détails le pôle photo & vidéo de l’agence ?
D.F. : Le pôle Photo & Vidéo d’Infra bénéficie d’une expérience de plus de 35 ans dans la conception, la création et mise en page d’images publicitaires. Il se compose actuellement de 4 personnes. Au sein de cette équipe, j’interviens comme photographe sur des productions en studio et en extérieur. Je suis également spécialiste du traitement et de la retouche photo.
Peux-tu justement nous parler de tes outils de travail au quotidien ?
D.F. : Tout d’abord, nous avons la chance de posséder notre propre studio photo entièrement équipé et composé de 2 grands plateaux d’une surface de 400 m2, nous offrant la possibilité de réaliser tous types de production, y compris sur des sujets de grande ampleur (ex: shooting studio d’une gamme de camping-cars). Dans certains cas, il peut aussi nous arriver d’avoir à monter intégralement un studio chez le client.
Concernant notre matériel photo et vidéo, nous sommes équipés en éclairage Broncolor avec boîtiers NIKON série D4 (vidéo). Nous sommes également équipés de caméras vidéo HD. Nous avons même intégré depuis peu des drones sur nos productions vidéos HD et, désormais, en 4K. Nous montons aussi des décors sur fond vert pour le tournage de vidéos en studio.
Quels sont les domaines ou sujets que tu aimes particulièrement travailler ?
D.F. : J’adore partir d’un visuel donné et le retravailler intégralement pour en changer complètement l’atmosphère, l’ambiance, l’expression… Mon travail de traitement de l’image consiste à sublimer la prise de vue initiale, à corriger les défauts et à répondre aux exigences bien précises du client. Cela peut consister simplement à changer la couleur d’un produit ou intégrer un objet dans un nouvel environnement mais parfois cela va beaucoup plus loin jusqu’à une refonte totale de l’image…
Quelle part accordes-tu au traitement post-production de tes images ?
D.F. : Le traitement des images en post-production est, à mon sens, aussi important que la prise de vue. Toutes les photos ont besoin d’être retouchées, ne serait-ce que pour corriger une couleur dominante, régler le contraste, la luminosité, affiner la netteté, adoucir la peau d’un modèle etc… Le travail sur la colorimétrie, le contraste, le piqué, la géométrie sont nécessaires pour apporter une véritable valeur ajoutée et créer un style propre à l’image. Ces différentes opérations permettent de renforcer le caractère de la lumière conçu et défini par le photographe au moment de la prise de vue. Limiter la photo à une simple prise de vue serait donc très réducteur, surtout quand on parle de création visuelle à des fins stratégiques d’image de marque.
Quelle est justement la place du concept visuel et du travail de l’image dans la communication globale d’une marque ?
D.F. : Développer une identité de marque passe par un travail intense en amont sur un concept visuel pertinent et sur le traitement de l’image. Les contenus visuels que nous concevons doivent représenter l’ADN de la marque et être optimisés pour une déclinaison sur tous les supports de communication. Nous devons penser et réaliser la mise en images de produits dans l’optique de pouvoir communiquer aussi bien sur des magazines, flyers, affiches, packaging que sur le Web : réseaux sociaux, bannières, habillage de site…
Quelques projets récents dont tu aimerais nous parler ?
D.F. : Un projet d’envergure que nous avons réalisé récemment concerne le shooting de la nouvelle collection de montres de notre client Pierre Lannier. Un véritable travail de précision et une technique macro-photographique bien spécifique. A l’image de la complexité d’une montre, la photographie horlogère pose des défis techniques et artistiques tels que la maîtrise des reflets sur le verre des montres, la mise en valeur de chaque élément composant le produit (bracelet, cadre, boîte…). Pour chaque montre, plusieurs prises de vue ont été réalisées, avec un éclairage à chaque fois différent, dans le but de reconstituer au final une seule image, lors de l’étape de post-production. Une véritable écriture de la lumière afin de révéler l’éclat et le juste ton des couleurs de chaque produit et des différents matériaux composant la montre (cuir, métal, verre).